Campagnes des Grenadiers de France

Les Grenadiers de France participèrent à toutes les campagnes de la guerre de 7 ans, à l’instar de pratiquement l’ensemble des troupes réglées.

En 1756, la guerre fut déclarée à la Prusse qui vient de s’emparer de la Saxe, alliée à l'Angleterre, au Hanovre, à la Hesse et quelques autres principautés d'Allemagne. La France avait pour alliés l'Autriche qui souhaitait  reprendre la Silésie, la Russie et l'Électeur de Saxe, roi de Pologne.

Au cours de cette guerre peu glorieuse sur le plan militaire, le régiment fera honneur à sa réputation et se distinguera régulièrement, mais comme le reste de l’armée se signalera aussi lors de la campagne de 1762 par un épisode moins glorieux qui entachera durablement sa réputation.

Au début de la guerre de 7 ans, les Grenadiers de France et 4 régiments de Grenadiers royaux furent regroupés en un seul corps sous les ordres du marquis de Saint-Pern. Ce corps était ainsi constitué des 4 régiments  d’AULAN (ultérieurement LE CAMUS), BERGERET (ultérieurement NARBONNE), MODENE et CHANTILLY, et des 4 brigades des Grenadiers de France.

Jusqu’alors l’usage était que les principaux affrontements se déroulent l’été, les troupes prenant en général leurs quartiers d’hiver entre le 15 octobre et la fin du mois de mars. Le Prince Ferdinand de Brunswick ne se conformera cependant pas complètement à cet usage et les opérations de la guerre de 7 ans se déroulèrent donc souvent au cours de l’hiver.


La guerre se déclare en 1756, mais les opérations terrestres ne commencent pour l'armée française qu'à partir de 1757, le Maréchal d'Estrées prenant la tête d'une armée de 100 000 hommes. Le corps des Grenadiers de France rejoint l’armée du Rhin du Maréchal d'Estrées, et fin avril tient garnison à Wesel où un pont de bateaux a été établi sur le Rhin.

Le 16 mai, les Grenadiers de France, dont la moitié formait une partie de la garnison de Lipstadt, reçoivent l’ordre de se déployer en soutien face à Dulmen, avec les Grenadiers Royaux d’AULAN.

A la fin de juin, ils sont au camp de Bielefeld avec le corps principal et constituent la réserve du maréchal d'Estrées qui, à la tête d'une armée de 60 mille hommes, entre en Westphalie, où il fut rejoint par dix mille Autrichiens. La WESER est franchie le 16 juillet et les premiers contacts avec l’armée ennemie sont établis le 22 et, le 25 juillet, les troupes légères sont au contact du dispositif de l’armée du duc de Cumberland et des forces anglo-hanovriennes déployées entre la place fortifiée d’Hameln et le village d’Hastembeck.

Camp de frincken

Notons que pour tous les régiments français, il va s’agir de la première bataille depuis la fin de la guerre de succession d’Autriche il y a déjà 7 ans.



25 au 27 juillet 1757 (bataille d’HASTENBECK)


L’ennemi étant maître des hauteurs boisées dominant la plaine et le village, il fut décidé d’attaquer l’ennemi par son flanc gauche.

Hastenbeck

Témoignage anecdotique du marquis de Valfons, chef d’état-major du général Chevert : « Je ne veux point oublier de citer la harangue de l’aumônier des grenadiers de France ; elle est courte et militaire : " Enfants de la guerre, malgré l’audace qui est dans vos âmes, humiliez-vous devant le Seigneur, lui seul donne la victoire. " Il serrait à souhaiter que ses confrères adoptassent ce style. En général, ces messieurs sont toujours trop long dans des moments où il ne faut pas donner au soldat le temps de réfléchir. (...) »


Le 25 juillet,  Chevert entame sa progression avec les brigades de Picardie et Navarre. Parvenant au contact de l’ennemi vers 08 heures, il met en batterie ses 4 pièces d’artillerie de 4 livres et ouvre le feu. La riposte ennemie est violente  et le brouillard qui se dissipe vers 9 heures dévoile l’armée ennemie rangée en bataille. La violence de la riposte de l’artillerie adverse stoppe cependant la progression et impose à Chevert de mettre ses troupes au couvert des bois pendant qu’au son du canon le reste de l’armée entame son déploiement.
En début d’après-midi, le lieutenant-général de Valliere commandant de l’artillerie fait déployer 25 pièces de douze et 4 de 24 qui de 16 heures à 19 heures écrasent l’artillerie adverse. Profitant de la nuit les français reprennent alors leur progression en avant et s’établissent sur les hauteurs boisées sans avoir cependant repris contact avec l’ennemi

Dans cette première phase de la bataille, le lieutenant DESBUREAUX se distingue particulièrement. Chevert souligna en effet la belle conduite de cet officier dans un compte-rendu au ministre de la Guerre : " J'ai l'honneur de vous rendre compte que le sieur Desbureaux, Lieutenant au Corps des Grenadiers de France, ayant été chargé le 25 de faire la découverte de la position et situation des ennemis avec 30 grenadiers, il s'est avancé à la tête de ma colonne, et a, par sa manoeuvre, obligé l'arrière-garde des ennemis de se retirer d'un village où ils étoient, dans la pointe d'un bois, à proximité dudit village, où il les a toujours suivi de près, et contenu sa troupe en très bon ordre jusqu'au moment que je fis tirer le canon, qu'il se retira dans le meilleur ordre. Tout ce que j'ai vu de la bravoure de ce vieux officier, et le compte distingué que m'en a rendu M. de Bussy, m'engagent à vous assurer que cet officier mérite vos attentions. Je me joins avec plaisir à M. de Saint-Pern, que je sais qui demande la commission de capitaine pour lui, pour faire récompenser les longs services d'un officier qui a aussi bien manoeuvré sous mes yeux." Cette commission de capitaine lui sera en effet accordée et il sera également fait chevalier de Saint-Louis le 4 août 1758 après la bataille de Crewelt.

Chevert est chargé de reprendre l’attaque et déboucher le 26 vers 9 heures à la tête des brigades de Picardie, Navarre, la Marine, des Volontaires de Flandre et de Hainaut, soutenues par la brigade d'Eu.
Le marquis d'Armentieres, avec sous ses ordres les brigades de Belsunce, la Couronne et d’Alsace, soutenu par des Dragons, reçoit pour mission de progresser en direction des hauteurs en suivant la ligne des bois.
La brigade de Champagne aux ordres de d’Anlezy, soutenue par la brigade de Reding, est chargée d’attaquer à découvert.
Au centre, les brigades d'Orléans, Vaubecourt, Lyonnois, et Mailly, aux ordres de Contades, doivent attaquer en direction du thalweg qui sépare les bois du village d’Hastenbeck.
A l’aile gauche, sous les ordres du maréchal de BROGLIE, le comte de Guerchy avec le régiment du Roi, et Mr de Saint-Pern avec les Grenadiers Royaux et les Grenadiers de France, soutenus par les brigades de Poitou et Royal Suédois, sont chargés de s’emparer du village d’Hastenbeck.
L’ensemble de la cavalerie est en soutien de l’infanterie.

En l’espace d’une heure et demie Chevert bouscule l’ennemi et s’empare des bois du Scheckenberg. Dès les premiers feux de mousqueterie, le reste de l’armée française a déclenché son attaque.

Si le marquis d'Armentières rencontre peu de résistance, le régiment de Champagne est sérieusement accroché, et doit notamment franchir un fossé pour s’emparer d’une batterie de 8 pièces, qui bloque sa progression.  Simultanément, au centre, Contades prend possession de l’intervalle entre les bois et le village d’Hastenbeck.

A l’aile gauche, de Broglie attaque Hastenbeck avec  3 colonnes formées des régiments du Roi, des Grenadiers de France et des grenadiers de Solar. Ils sont à une demi-portée de canon quand le village commence à prendre feu, ce qui n’empêche pas les Grenadiers de France de pénétrer dans le village où l’ennemi s’est retranché, Le Roi et Solar progressant à gauche et à droite du village. Quand les Grenadiers de France débouchent, ils sont pris à partie à courte distance par des tirs de mitraille. Sans hésitation Saint-Pern ordonne un quart de tour à droite et conduit l’assaut en direction des bois encore occupé par l’ennemi qui y abandonne 1 canon et son matériel.
A l’étonnement de beaucoup, les Grenadiers de France reçoivent alors l’ordre de se replier sur le village et l’artillerie celui de refranchir le thalweg. En effet, à l’aile droite, Chevert pouvant difficilement poursuivre l’ennemi dans les couverts, celui-ci a pris à partie la brigade d’Eu de flanc, la contraignant à se replier sous un feu nourri.  La brigade d’Eu rendant compte à tort qu’une colonne de 9 à 10 000 hommes s’apprête à tourner la droite française, le maréchal d’Estrées a donc stoppé l’attaque, replie l’artillerie, dirige les troupes légères vers le camp pour en protéger les bagages de l’armée puis fait faire mouvement à l’ensemble de la cavalerie vers l’aile droite.
L’ennemi profite en fait de cette aubaine pour poursuivre son repli.

Hastenbeck plan

Le comte de Guerchy et les Grenadiers de France voyant l’ennemi reculer, se refusent cependant à exécuter l’ordre de repli au risque de voir ainsi s’échapper l’opportunité d’une victoire. Saint-Pern engage donc une brigade des Grenadiers de France à la poursuite de l’ennemi. Le maréchal de Broglie arrivant sur ces entrefaites constate le repli adverse, donne l’ordre au reste des Grenadiers de France de poursuivre leur avance et engage Royal Pologne et les Carabiniers dans la plaine.
L’ennemi parvient néanmoins à se replier au-delà de la rivière à Afferde et à se mettre hors d’atteinte. La poursuite est alors stoppée par de Broglie qui fait occuper Afferde, les bois d’Hastembeck étant tenus par les Grenadiers de France soutenus par les régiments de Picardie et Champagne, et la cavalerie se reformant dans la plaine sur la gauche de l’infanterie.

Le 27, un detachement de 600 cavaliers et de 12 compagnies de Grenadiers aux ordres du duc de Fitzjames, soutenu par les Grenadiers de France, est envoyé à Oldendorf afin de reprendre contact avec l’ennemi dont on constate le repli en direction de Minden. Le 28, la garnison d’Hameln se rend avec 72 pieces d’artillerie et 700 hommes.

17570726 hastembeck 01 reduite

Recurent la croix de chevalier de Saint Louis après cette bataille:

  • Le comte de MONTBARREY, colonel;
  • Les capitaines de CRENY, de CHAMBRAY, de RECQUEBOIS de VILLERS et de SAINT ASTIER.


Suite de la campagne

Du 31 juillet au 2 août, les Grenadiers de France campent à Grosselsen près d’Hameln, avec le corps principal de l’armée du Rhin.

Le 8 août, le maréchal de Richelieu, qui a pris le commandement de l’armée la veille, envoie les Grenadiers de France avec 3 régiments de Dragons pour occuper la ville de Hanovre.  C’est ainsi que le 9 août vers 10 heures, un détachement des grenadiers de France prend possession des portes de la ville puis que le Duc de Chevreuse, qui doit prendre le commandement, fait son entrée dans Hanovre à la tête des Grenadiers de France, du Régiment d'Enghien et de trois Régiments de Dragons qui constitueront  la garnison. Le Duc de Chevreuse est logé par le Baron de Diedern et le marquis de Saint-Pern par le comte de Kielmansegg.

Fin aout, le marquis d’Armentières s’empare de Brème et le Duc de Broglie doit s’assurer du château d’Osterberg tenus pas les hanovriens. Les forces Hanovriennes se replient devant la poussée française et l’armée française s’établit à Wall.

En septembre, le Maréchal de Richelieu se porte lui-même en première ligne au contact des forces du Duc de Cumberland aux abords de Beveren. Une colonne d’infanterie Hanovrienne sortant alors du village en attaque dans sa direction, il faut une contre-attaque du marquis de Poyanne pour la stopper. Faisant mine de battre en retraite précipitamment, Poyanne attire ensuite les Hanovriens dans une embuscade: les grenadiers royaux firent prirent ainsi les Hanovriens sous un feu de mousquetterie violent et le Prince de Chimay, à la tête de dix compagnies des Grenadiers de France achève de les mettre en déroute en mettant en batterie quatre pièces de canon.
Le 7 septembre  l’armée est établie entre Closterseven (Clostercamp) et Rotenbourg et une suspension d’armes intervient le 8 du fait des négociations en cours.

Après la capitulation des forces anglo-hanovriennes du Duc de Cumberland à Closterseven, les Grenadiers de France participent à l’occupation de Brunswick puis s’établissent avec le reste de l’armée au camp d’Halberstadt. Le 6 novembre ils prennent leurs quartiers d’hiver en deuxième ligne de l’armée de Richelieu à Hildesheim.

Le 5 novembre, en Saxe, plus à l'Est, dans la région de Leipzig, l’armée franco-autrichienne du Prince de Soubise a essuyé la terrible défaite de Rossbach face au Roi de Prusse qui écrase ensuite les autrichiens en décembre à Leuthen. Ces deux victoires incitent les forces anglo-hanovriennes à ne pas respecter les accords de capitulation et dès le mois de décembre les armées ennemies sont regroupées par le duc de Brunswick.

Les forces du maréchal de Richelieu, mal préparées à l’hiver, sont contraintes d’éviter l’affrontement et se replient sur Zelle sur la Weser. L’hiver est très rude : il faut allumer des feux « pour faire dégeler le pain. Le vin étoit également glacé dans les flacons ; les officiers furent obligés de les présenter au feu pour le rendre buvable. »

Campagne de 1758

En février 1758, lorsque Ferdinand de Brunswick relance l’offensive, les Grenadiers de France se replient sur le Rhin avec le reste de l’armée du Bas Rhin désormais sous les ordres du comte de Clermont.
Du 30 mars au 4 avril, les Grenadiers Royaux et Grenadiers de France constituent au camp de Wesel la réserve de l’armée du Bas Rhin. En avril, quand Clermont redéploye ses troupes le long du Rhin, ils sont placés en 3° ligne à Linnich. A l’état des cantonnements d’avril 1758, les grenadiers de France sont établis à Randerat et Gangelt.

A cette période, des rumeurs ayant courus sur des projets de réforme du régiment prêtés au maréchal de Belle-Isle, celui-ci prend soin de s’adresser directement au marquis de Saint-Pern pour les démentir : « Il n’y a rien de plus mal fondé, Monsieur, que les bruits que vous me marquez s’être répandûs à l’Armée d’une prochaine Réforme du Corps des Grenadiers de France : Je sais avec quelle distinction ce corps a servi pendant la Campagne, & je suis trop bien informé de sa composition & de ce qu’on peut se promettre du bon esprit qui y regne, & du soin que vous prenez de l’y entretenir, pour que je ne vous seconde pas à exciter l’émulation de si braves gens ; bien loin de vouloir leur inspirer du découragement. Vous pouvez donc être assuré, Monsieur, que je suis disposé à concourrir à tout ce que vous aurez à me proposer pour le rétablissement de ce Corps.
J’ai l’honneur d’être &c.
» (Lettre du Mal de Belle-Isle au marquis de Saint-Pern, le 21 avril 1758)

Après le franchissement réussi du Rhin par l’armée de Brunswick le 31 mai, les grenadiers de France durent se replier de nouveau à la suite de l’armée du comte de Clermont vers Rheinberg atteint le 2 juin, puis vers MEURS et PUYS.



1758 (bataille de Crefeld)


Le 14 juin 1758, le comte de Saint-Germain, reçoit l’ordre de s’emparer de Crefeld puis de couvrir le flanc gauche de l’armée du Bas-Rhin. La brigade des grenadiers de France et celle de Navarre constituent toujours la réserve disposée sur la droite de l’armée.

Le 23 juin, au milieu de la journée, les forces ennemies passent à l’offensive portent tout leur effort sur le corps du  comte de Saint Germain qui soutient pendant 3 heures l’assaut de l’ennemi, mais commence à lâcher prise, le comte de Clermont devant donner la réserve pour le soutenir. Celle-ci ayant environ 3 km à parcourir, arrive cependant trop tard pour sauver la situation.

Le Marquis de Saint-Pern fut l’objet de nombreuses critiques vis à vis de la lenteur de l’intervention de cette réserve à laquelle, d’après les récits, il fit faire mouvement au pas cadencé et dans un bel ordonnancement, au rythme du tambour battant « aux champs ». Les vétérans rappelant que lors des campagnes précédentes on faisait donner la réserve au pas de course, les hommes les plus rapides prenant la tête et donnant l’élan qui permettait d’emporter la décision.
La responsabilité de cette défaite où l’on perd environ 3000 hommes repose néanmoins indéniablement sur les dissensions importantes entre les généraux. Par ailleurs, la réserve avait été placée sur le flanc droit, impénétrable du fait d’un escarpement boisé qui commandait le terrain; choix très critiqué : « elle étoit là en parade pour le brillant du quartier général qu'elle couvroit ; aussi ne servit-elle qu'à cet effet … » juge le sieur Jacques Mercoyrol de Beaulieu  alors capitaine à PICARDIE.
L’arrivée tardive de la réserve fut cependant aussi attribuée à un mauvais guidage des troupes qui se seraient fourvoyées en route.

Vers cinq heures du soir l’armée française est donc complètement débordée par sa gauche, une charge des Carabiniers facilité la rupture du contact par le corps de Saint Germain, et les grenadiers de France sont essentiellement employés pour couvrir la retraite de l’ensemble de l’armée française vers Huys.

Suite de la campagne

Une victoire du maréchal de Broglie (armée de Soubise) face aux Hessois près de Cassel contraint le Prince Ferdinand à un repli prudent sur la rive droite du Rhin.  L’armée du bas Rhin, sous les ordres du marquis de Contades depuis le 8 juillet, refranchit donc le Rhin mi-août, à la poursuite de l’armée ennemie. Le 20 août, les Grenadiers de France campent près de Wesel. Le 12 Septembre, ils sont engagés en direction de Hamm pendant que 2000 fantassins français prennent position à Alten sur la route de Lippstadt.

Affaire de Borck

Fin septembre, le marquis de Saint-Pern et les Grenadiers de France se distinguent par un fait d’armes considéré parmi les plus hardis et habilement menés au cours de cette campagne.
A la tête des grenadiers de France, des grenadiers royaux, de dix compagnies de Grenadiers, des carabiniers, des brigades cavalerie du Roi et de Royal-Etranger, et de dix piquets d’infanterie, Saint-Pern débouche de Luynen et franchit la Lippe dans la nuit du 28 au 29 pour attaquer par surprise le camp commandé par le prince de Holstein-Gottorp à Borck et composé d'un corps considérable d'infanterie et d’environ deux mille dragons. L’ennemi est forcé de se retirer dans la plus grande précipitation en direction d’Haltern, abandonnant campement, équipages  et blessés. Le Major de Bargeton se distingue particulièrement au cours de cette action.
 
Suite de la campagne

Le 14, la marche en avant de l’armée de Contades permet de rencontrer l’ennemi à hauteur de l’abbaye de FROWEILER. Profitant du mauvais temps et de la nuit, l’armée du Prince Ferdinand se dérobe, mais Contades lance le marquis d’Armentières à ses trousses avec les grenadiers de France, 20 escadrons et toutes les troupes légères. Un certain nombre de pertes sont infligées à l’ennemi qui parvient néanmoins à se replier.

Le 25 octobre,  le marquis d’Armentières franchit la Lippe à la tête d’un corps chargé de s’emparer de la ville de Munster.  « Les grenadiers de France, qui faisaient l’avant-garde, trouvèrent 7 à 800 chasseurs & 2 pièces de canon, qui étoient postés à une lieue & demis de Munster & les poussèrent jusques dans la ville avec un corps de 2000 hommes, qui étoit campé sous le canon. Les Grenadiers et nos Volontaires prirent poste à une portée de fusil de la ville, qui tira beaucoup de canon. Le feu de la mousquetterie dura aussi jusqu’à la nuit. A 3 heures après midi, on campa ; les officiers sans équipages. Pendant la nuit, M. le marquis d’Armentières envoia plusieurs détachements aux environs de la ville avec des officiers & Grenadiers nageurs pour sonder les fossés. Malgré le feu des sentinelles, qui tiroient au moindre bruit, & la gelée, qu’il faisoit. Les nageurs se mirent à l’eau. Ils trouvèrent des fossés de 40 à 50 pieds de large & très profonds. Il y avoit dans plusieurs endroits un ou deux avant fossés, & beaucoup de jardins. La ville de Munster n’est fortifiée qu’en terrasse ; mais les Ennemis l’ont fraisée & pallissadée ; enfin elle est absolument à l’abri d’un coup de main. Il y avoit dedans un corps de 5000 hommes & 3000 malades ; plus de 100 pièces de canons ; beaucoup de magasins &d’équipages.
Le 26, le feu du canon & de la mousquetterie commença avec le jour & fut beaucoup plus vif que la veille. On perdit quelques Grenadiers et Volontaires. On envoia un gros détachement sur le chemin de Tellig. On coupa tous les ponts & on s’empara du fauxbourg S. Maurice, d’où l’on voioit les ennemis travailler à beaucoup de batteries. On fit ce même jour 20000 fascines & on rassembla 1200 échelles. A 10 heures du soir, les nageurs & les partis pour les reconnaissances partirent ; mais ils ne firent pas grand-chose, parce que les ennemis tirèrent du canon & de la mousquetterie au moindre bruit. Le 27 à 5 heures du matin, les troupes reçurent l’ordre de retourner à Herbern. On partit à midi en très bon ordre. Les Grenadiers de France firent l’arrièregarde. Quoique les ennemis nous virent décamper ils ne nous suivirent pas du tout. La marche fut longue & pénible. On n’arriva qu’à minuit. On coucha au bivouac. Le 28, on campa, & le tout est ensuite rentré au Camp.
»

L’ordre de retraite du maréchal de Contades fut motivé par le mouvement initié par le Prince Ferdinand dès le 26 pour venir au secours de la ville.

L’armée repasse le Rhin à Wesel pour prendre ses quartiers d’hiver, de son côté l’armée de Soubise s’abrite derrière le Main et s’établit à Francfort en passant aux ordres du duc de Broglie.

Campagne de 1759

Les opérations reprennent en Avril 1759. L’offensive de Ferdinand est stoppée le 13 par le duc de Broglie qui remporte la victoire de Bergen puis s’engage en Hesse et vers Cassel à partir de mai.

Le maréchal de Contades repasse le Rhin à Wesel et se met en marche dans les premiers jours de juin, occupant Cassel le 11 juillet puis faisant jonction le 15 à Minden avec l’armée de Broglie qui s’est emparé de la ville par surprise le 9. L'ennemi se repliant par Minden puis Bremen, semble alors abandonner la Westphalie aux français. Le Prince Ferdinand néanmoins informé des 15 000 hommes laissés par Contades pour assiéger Munster interrompt son repli pour se redéployer à proximité de Minden, environ une lieue à peine séparant les belligérants. Les grenadiers de France, avec une brigade de grenadiers royaux, étaient alors campés en avant de Minden, couvrant le quartier général, ils appartiennent au corps de réserve commandé par le duc de Broglie.
Contades, semble ne pas vouloir attaquer avant la prise de Munster par le marquis d’Armentières qui intervient fin juillet. Ce délai permet à l’armée de Ferdinand de renforcer ses positions pendant près de trois semaines. Cette inaction de Contades lui sera naturellement fortement reprochée après la défaite.

1759 (bataille de Minden)

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Le 31 juillet, le maréchal de Contades se décide enfin à reprendre l’offensive. Il donne ses ordres  pour attaquer le lendemain à l’aube, mais faute des précautions d’usage pour en conserver le secret, la nouvelle est vite colportée par les habitants de la ville et parvient à l’ennemi qui prend également ses dispositions pour la journée du lendemain.

L’ordre d’opérations établi par l'État Major du Maréchal de Contades, cité dans le Traité des Opérations Militaires de Jomini est le suivant:

"La réserve sous les ordres du duc de Broglie, formant l'aile droite de l'armée, marchera de front sur le village de Tonhausen, et attaquera, en meme temps, le camp du prince de Bevern sur la route de Petershagen. Son attaque sera brusque et vigoureuse, afin de le culbuter, de lui couper sa retraite sur l'armée, et d'y jeter l'épouvante et la confusion.
Afin d'assurer le succès de cette opération, la réserve sera renforcée des Grenadiers de France et Royaux;6 pièces de canon et 4 obusiers augmenteront son artillerie. Le duc de Broglie fixera le rassemblement de l'artillerie, et transmettra les ordres nécessaires aux grenadiers. On emploiera tous les moyens nécessaires pour faire réussir cette attaque, qui doit nous rendre maîtres du flanc gauche de l'ennemi, et laquelle dépend le succès de la journée.
La retraite remplacera la générale. Aussitôt qu'elle aura été battue, la réserve lèvera son camp, passera le pont, traversera la ville, et en sortira par la porte qui conduit au camp des grenadiers; ses gros bagages seront transférés à Rehmen, ou se trouvent ceux de l'armée; ils y passeront le Weser sur le dernier pont de bateaux afin de ne pas gêner la marche des troupes.
Le terrain ou l'armée doit se former étant fourré et coupé, son ordre de bataille ne pourra être conforme aux usages reçus. On placera donc au centre de la première ligne les brigades de cavaleries, Colonel Général, Cravates et Mestre de Camp, sous les ordres du Duc de FitzJames, des lieutenants généraux Vogué et Castries et des Maréchaux de camp Lutzelbourg, Saint Chamand, Villebonne et Courmainville. Les quatre brigades d'infanterie, Picardie, Belsunce, Touraine et Rouergue, sous les lieutenants généraux Nicolaï et Beaupréau, et les maréchaux de camp Planta et Monty formeront l'aile droite de la première ligne, et auront trente quatre pièces de gros calibre. L'aile gauche de cette ligne sera composée des quatre brigades d'infanterie Condé, Aquitaine, Le Roi et Champagne, sous le lieutenant général de Guerchy, et les maréchaux de camp duc de Laval et Maugiron; elle sera pourvue de trente pièces d'artillerie de position que le chevalier Pelletier placera sur le front des deux ailes, de manière à couvrir celui de la cavalerie par un feu croisé au centre.
Le 1er bataillon de chaque brigade sera formé en colonne, les autres marcheront suivant l'usage. La brigade d'Auvergne, placée à la gauche de l'infanterie de l'aile droite, se formera en ordre inverse, afin que son 1er bataillon soit formé en colonne, appuyant à la brigade de cavalerie colonel général; la brigade de Condé infanterie, postée à la droite de l'aile gauche, sera formée comme les autres, c'est à dire, que son 1er bataillon en colonne, appuiera à Mestre de Camp cavalerie.
 La deuxième ligne marchera dans le même ordre que la première: les brigades d'infanterie Auvergne, Anhalt, sous le lieutenant général de Saint Germain, et les maréchaux de camp Leyden et Glaubitz auront la droite. Les brigades de cavalerie du Roi, Bourgogne et Royal Étranger, sous les lieutenants généraux Dumesnil, Andlau, les maréchaux de camp Orlick et Galfed, occuperont le centre; la gauche sera composée des brigades saxonnes aux ordres du marquis de Lusace.
Cette seconde ligne étant beaucoup moins forte que la première, et devant néanmoins occuper le même front, les bataillons dont elle est composée s'étendront beaucoup plus qu'a l'ordinaire. La réserve formée de la Gendarmerie et des Carabiniers, sous le lieutenant général de Poyanne et les maréchaux de camp de Bellfond et Bissy, se placera en troisième ligne derrière le centre de la cavalerie.
Les brigades Lowendhal et Navarre recevront une destination particulière.
L'armée ainsi formée prendra sa première position; la gauche en arrière du village de Hahlen, s'appuiera au marais; la droite se prolongera en arrière des maisons rouges dans la plaine de Minden jusqu'au bois; les lignes marcheront à 400 pas de distance; le corps du duc de Broglie appuiera sa droite aux rives escarpée du Weser, faisant front à Tonhausen; liant sa gauche avec la droite de l'armée; l'infanterie en première ligne, et la cavalerie en seconde. Cette division recevra les ordres du duc de Broglie ainsi que les Grenadiers Royaux et de France.
Tandis que ces troupes attaqueront Tonhausen et le camp de Petershagen, l'armée se déploiera et marchera en bataille à l'ennemi. Si cette marche ne pouvait s'effectuer de suite, les brigades d'infanterie et de cavalerie continueront leur mouvement en colonne sur le front de bataillon et d'escadron, en conservant les distances nécessaires pour se former.
Le premier bataillon de chaque brigade, qui doit rester en colonne, se maintenir dans cet ordre pendant la marche et durant la bataille; les brigades seront précédées de cent travailleurs, avec les chariots et outils nécessaires.
Comme la droite de l'ennemi se trouve à Hille, et la gauche derrière Holzausen, la marche sera dirigée sur son flanc gauche. Si l'attaque du duc de Broglie réussit, il cherchera à gagner ce flanc afin de l'envelopper. Les autres manœuvres de l'armée dépendent de celles que fera l'ennemi. Le maréchal de Contades lui donnera dans tout les cas, des ordres adaptés aux circonstances.

 La brigade de Navarre, les volontaires de Hainaut, Dauphiné et Muret, sous les ordres du lieutenant général duc d'Havré, feront une fausse attaque sur la digue qui conduit à Hille à travers le marais.
Le parc d'artillerie leur fournira à cet effet un supplément de quatre pièces de 8. Le duc d'Havré dirigera un feu très vif sur la redoute ennemis qui bat la digue; mais il ne franchira le marais que dans le cas ou l'armée aurait pénétrer aux environ de Hille; et où il pourrait se réunir avec elle. Jusque là, il se bornera à inquiéter l'ennemi, et à l'empêcher d'appuyer sa droite au marais. Ce corps devra, au besoin, couvrir la retraite de l'armée en tenant la digue, et en défendant le passage. Il devra aussi avoir soins de couvrir les hauteurs en arrière avec de l'infanterie et des troupes légères, pour tenir tête aux partis que l'ennemi pourrait détacher de Lubecke; cette précaution est importante.
Le duc d'Havré est prévenu que le duc de Brissac occupe Goofeld, afin d'observer le Prince Héréditaire. Il communiquera avec lui par le vallon de Bergkirchen, et emploiera à ce service la cavalerie des volontaires du Dauphiné qui connaît le terrain et les routes. Les postes de Kolhof et Hartenhausen seront maintenus, parce qu'ils éclairent les environs du marais.
La brigade Lowendal sous le maréchal de camp de Bisson, entrera à Minden aussitôt que la retraite sera battue; elle occupera les remparts et les têtes de pont. La majeure partie de la grosse artillerie sera placée sur les cavaliers afin de les couvrir en cas de retraite de l'armée. On placera aussi quelques pièces dans l'ouvrage qui couvre le pont de pierre, afin de défendre les approches contre les tentatives des troupes légères qui infestent la rive gauche du Weser.
La retraite qui tiendra lieu de générale comme nous l'avons dit, sera battue à l'heure ordinaire.
L'armée prendra aussitôt les armes en avant du camp et marchera sur huit colonnes. La première, aux ordres du comte de Guerchy sera composée des brigades d'infanterie de Champagne et du Roi; elle laissera le bois situé près d'Hamelbeck à gauche, passera la Barhe sur le dernier pont près du marais, et marchera jusqu'aux dernières haies en avant de Hallen, ou elle restera en colonne jusqu'au point du jour. Alors l'armée se formera; la gauche appuyée aux haies sus mentionnées, et la droite dans la direction des maisons rouges qui se trouvent dans la plaine. Huit pièces de gros calibre arriveront le soir à ces deux brigades, et resteront devant leur front pendant la bataille. M. de Sainte Ville major général des logis, dirigera cette division.
La deuxième colonne ,qui consiste dans les brigades d'Aquitaine et de Condé sous les ordres de M. de Maugiron, sera conduite par l'aide major des logis Beaudoin, qui lui enseignera le pont ou elle doit passer la Barthe, le lieu ou elle restera en colonne derrière la hauteur, jusqu'au jour, et celui ou elle devra ensuite se former. Cette colonne aura six pièces de grosse artillerie.
La troisième composée des deux brigades saxonnes sous les ordres du comte de Lusace, qui sera conduite par l'aide major des logis Montaut, qui leur désignera l'endroit ou elles devront rester en colonnes derrière la hauteur ,en attendant le jour, pour se former alors en deuxième ligne, à quatre cents pas de la première.
La quatrième colonne comprendra les brigades de cavalerie Mestre de Camp, Cravates et Royal Étranger, sous les ordres du duc de Fitz James. Elles seront dirigées par l'aide major des logis d'Angers, qui leur assignera le lieu ou elles attendront le jour. Lorsqu'elles se formeront, la brigade Mestre de Camp appuiera sa gauche à la brigade Condé infanterie; celle de Cravates donnera à sa droite, la direction des maisons rouges; et celle de Royal Étranger se placera en deuxième ligne de Mestre de Camp, à quatre cents pas de distance.
La cinquième colonne consistant dans les brigades de cavalerie, Colonel Général, le Roi et Bourgogne, sous les ordres du lieutenant général Dumesnil, sera conduite par l'aide major général des logis Dumay, qui lui indiquera le lieu ou elle restera pour attendre le jour. Dès qu'il commencera à paraître, la brigade de Colonel Général se formera en première ligne, appuyant à celle de Cravates, et prenant sa direction aux maisons rouges; les brigades du Roi et Bourgogne se formeront en deuxième ligne derrière celles de Cravates et de Colonel Général.
La sixième colonne, sous le lieutenant général Beaupréau, sera composé des brigades de Touraine et de Rouergue infanterie, qui passeront la Barthe sur le pont qui leur sera indiqué par l'aide major des logis Germain, marcheront jusqu' en avant de la redoute qui est en avant de Picardie, et y attendront le point du jour, pour se former à droite de la brigade de Colonel Général. Cette division prendra huit pièces de position qui resteront en avant de son front pendant la bataille.
La septième colonne sous les ordres du lieutenant général Saint Germain, comprendra les brigades D'Auvergne et Anhalt. La première passera le pont qui lui sera indiqué par M. d'Ouné, officier d'état major, et ira jusqu'au camp de la seconde, dans les jardins en avant de la ville. La brigade d'Anhalt se placera en deuxième ligne de celles de Picardie et de Belsunce.
La huitième colonne, sous le chevalier de Nicolaï, consistant dans ces brigades de Picardie et Belsunce, dirigera sa marche sur les maisons rouges, et y restera jusqu'au jour; alors elle se formera, étendant sa droite jusqu'au bois, et prenant sa direction sur la gauche de la réserve aux ordres du duc de Broglie. L'aide major des logis Grandpré conduira cette colonne; le parc enverra, vers le soir, huit pièces de canon qui resteront à ces brigades pendant l'action.
Le corps du duc de Broglie formera la neuvième colonne. Les gendarmes et les grenadiers monteront à cheval et resteront en avant du front de leur camp, jusqu'à ce qu’ils reçoivent l'ordre de se placer en troisième ligne, derrière le centre.
On a jeté 19 ponts sur le ruisseau qui coule depuis le marais jusqu'au Weser, devant le front du camp, afin de faciliter la retraite de l'armée, dans le cas ou elle devrait l'effectuer. Le centre et la gauche, se retireraient à travers ces ponts, dans leur camp actuel. La droite et la réserve se retireraient sur la ville, occuperaient les haies et les jardins qui l'environne, et placeraient l'artillerie, en avant de leur front, pour contenir l'ennemi, de concert avec le canon de la place
."

Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, sous une petite pluie fine, les Grenadiers de France se mettent donc en marche pour se déployer face à Todtenhausen, dans une plaine située en contrebas de Rotenhausen (maisons rouges), en première ligne de l’aile droite constituée par le corps du duc de Broglie qui franchit de nuit la Weser sur un pont de bateaux établi au-dessus de Minden.
A peine déployée au petit jour, peu après 5 heures, l’aile droite essuie une vive canonnade et Broglie constate que les retranchements et redoutes ennemis donnent peu d’espoir au succès d’une attaque, mais surtout, plutôt que de lancer une attaque, il marque le pas et ne veut pas s’engager tant qu’à sa gauche la division de Nicolaï ne s’est pas avancée. Cette pusillanimité scelle définitivement le sort de la bataille. Malgré la situation qui compromet l’idée d’une offensive rapide et décisive dans ce secteur, le Maréchal de Contades ne change pourtant pas ses plans et laisse se dérouler les opérations prévues.

A cette bataille dont l’issue fut désastreuse pour la France, les Grenadiers de France se révèlent particulièrement courageux : "As fierce and terrible fellows as I ever saw", aurait écrit un témoin anglais à leur sujet ; mais leur emploi ainsi que les lourdes pertes qui s’en suivirent firent l’objet de nombreuses critiques, la responsabilité du comte de Saint-Pern au comportement certes courageux mais déjà d’un autre âge fut particulièrement mise en cause : «  à la bataille de Minden que nous perdîmes en 1759, pendant la guerre de Sept ans, les grenadiers de France avaient des files entières emportées par le feu d'une batterie. M. de Saint-Pern, qui les commandait, se promenait au petit pas, sa tabatière à la main, pour leur donner du courage : « Qu'est-ce que c'est, mes enfants? disait-il. Du canon? Eh bien, ça tue, voilà tout ! » .

Plusieurs autres témoignages sont en effet édifiants :

Celui du Lieutenant Vial du Clairbois :

 « A l’affaire de Minden, l’avant dernière guerre, nous perdîmes aux grenadiers de France, où je servais alors, trois cents grenadiers & quarante-cinq officiers, pour la plupart, par l’effet de ces malheureux ricochets : mais il est bon d’observer que les boulets sur leurs fins ont perdu assez de leur vitesse, pour s’apercevoir ; on se retire fort bien de devant : sur la fin de cette bataille on fit faire, à la troupe, à droite & à gauche, pour ouvrir un peu les files ; alors les grenadiers jugeant les boulets, les évitaient à merveille ; si l’on avait pris ce parti plus tôt, on aurait sauvé bien du monde. »  

« Des Officiers de cette Troupe m'ont assuré qu’ils essuyèrent au moins 3 heures le feu d’une nombreuse artillerie, &  perdirent 320 hommes, dont les 2/3 dans les 2 bataillons qui étaient en 1° ligne »

« [Dagobert] assistait, le 1er août suivant, à la bataille de Minden et il était à la droite commandée par le maréchal de Broglie qui montra dans cette journée une malheureuse indécision. Sous les yeux de Dagobert, le canon ennemi écrasait les grenadiers de France; ces soldats d'élite tenaient ferme; ils eurent 300 hommes hors de combat et deux de leurs colonels furent tués. Pourquoi, a dit depuis Dagobert, étaient-ils en panne devant la batterie qui les foudroyait? N'auraient-ils pas infiniment moins perdu s'ils avaient, le sabre à la main, couru à cette batterie? Les volontaires de La Noue de Vair étaient tout proche, entre la première et la seconde ligne, en colonne fort serrée, et ils n'essuyèrent presque aucune perte : La Noue de Vair avait eu l'esprit de les placer dans un abaissement de terrain et les boulets leur passaient par-dessus la tête pour donner dans le régiment de Piémont qui se trouvait à la seconde ligne. »  

Enfin, celui du Prince de Montbarrey, ancien colonel au corps des grenadiers de France et commandant le régiment de La Couronne :

« Selon moi, des corps d’élite comme celui des Grenadiers de France et comme celui des Grenadiers-Royaux, formés par un choix dans les milices du royaume, et tous composés de fils de cultivateurs, remarquables par leur taille, leur force et leur bonne conduite, me paraissait devoir toujours être placés en réserve, être uniquement destinés à une attaque difficile et importante, à couvrir une retraite forcée et dangereuse; mais ne devaient jamais, sans une nécessité absolue, être exposés sans agir au feu du canon . C’est cependant ce qui arriva à Minden. La position où furent établis les Grenadiers de France leur fit tuer beaucoup d’hommes, sans qu’il leur fût possible d’attaquer l’artillerie ennemie qui les foudroyait. Je me permets de dire que cette disposition me paraît blamable de la part du général en chef ou des officiers de l’état-major. Après ce vice de position, je me permettrai encore de blâmer la fausse valeur du marquis de Saint-Pern, qui, voyant les pertes sanglantes de ses malheureux grenadiers, les tint inutilement exposés au feu pendant toute la bataille, au lieu de les faire asseoir par terre, ou de les faire descendre quelques pas en arrière, en les couvrant de la crête du rideau sur lequel ils étaient placés. A la guerre, selon moi, toute perte inutile et sans objet, est une faute et peut-être un crime. Le courage irréfléchi de M. de Saint-Pern, courage qu’il prêchait et dont il donnait l’exemple, me paraît blâmable; et ce qu’il disait aux Grenadiers de France, pour leur faire sentir qu’ils devaient l’exemple aux Grenadiers-Royaux, placés en seconde ligne derrière eux, n’est à mes yeux, qu’un radotage très-brave, mais aussi absurde qu’inutile.
Cette perte d’une espèce d’hommes très distingués eût été regrettable, même si elle eût été nécessaire; à plus forte raison dans le cas d’une entière inutilité. Deux colonels y furent tués, tous deux attachés à la troisième brigade: le prince de Chimay, qui la commandait, sujet rare par sa figure, par ses qualités et par son courage; et le marquis de la Fayette, d’une véritable valeur, et aussi froid que le prince de Chimay était bouillant.
Ce dernier éprouva un effet physique bien extraordinaire, au commencement de la cannonade et tant qu’elle dura: un tremblement universel agita ses nerfs; mais il sut se roidir contre cet effet fâcheux, en se tenant très-exactement à son poste, appuyé sur le fusil dont il était armé, afin de diminuer son agitation. Il demandait pardon aux grenadiers qu’il commandait de l’effet naturel qu’il éprouvait, et auquel il sut résister, jusqu’au moment où un boulet de canon le partagea par la moitié du corps.
Selon moi, tout ce qu’éprouva le marquis de la Fayette, dans cette journée mémorable, sa fermeté, sa conduite, ses discours, portent tous les caractères d’une valeur réfléchie, et sont bien au-dessus du courage et du mépris du danger, qui ne sont souvent que l’effet de l’étourderie ou du manque de réflexion.
»  

Au sujet du comportement des Grenadiers de France à Minden, le duc de Broglie écrira au maréchal de Belle-Isle, ministre de la guerre:

" je ne puis vous dire trop de bien de la fermeté que toutes les troupes qui étaient avec moi, et surtout les Grenadiers de France, ont témoignée à la plus vive cannonade que j'ai essuyée de ma vie... Ils y ont perdu deux colonels qui méritent tous les regrets."  

La liste des pertes connues en officiers est significative de l'épreuve que supportèrent les Grenadiers de France:

- Marquis de LA FAYETTE, colonel, tué par un boulet ;
- Prince de CHIMAY, colonel, tué par un boulet ;
- Colonel de BALINCOURT, blessé ;
- Capitaine de BARGETON, major, tué ;
- Capitaine de  COMEIRAS, aide-major, tué ;
- Capitaine de  PUEL, aide-major, tué ;
- Capitaine du BAC, tué ;
- Capitaine de  BRIGAUD, tué ;
- Capitaine de  COQUEREL, blessé ;
- Capitaine DUSSANT, tué ;
- Capitaine FORGET de BARST de BOUILLON, blessé par un boulet ;
- Capitaine FORSANS, tué ;
- Capitaine de  CLERCY Nicolas, blessé ;
- Capitaine du HANT, tué ;
- Capitaine de  LA VAISSIERE, blessé ;
- Capitaine de MONJEUNE, blessé (un bras emporté par un boulet);
- Capitaine des PILLIERS, blessé (une jambe emportée par un boulet);
- Capitaine POLLET, tué ;
- Capitaine de PONS, a le pied écrasé par un boulet ;
- Capitaine de RIEUNIER, blessé ;
- Capitaine de SAINT-ASTIER, blessé ;
- Capitaine de SIMONY, blessé mortellement ;
- Capitaine de VAISSIÈRE DE PALONNIÈRE, blessé (un bras emporté par un boulet);
- Capitaine de VILLETTE, tué ;
- Lieutenant AURA, tué ;
- Lieutenant de BONNEFONS, blessé ;
- Lieutenant de CARMENTRANT, blessé (un bras emporté par un boulet);
- Lieutenant de CLERCY Raoul, tué;

- Lieutenant d'ESTERAVAL, blessé ;
- Lieutenant de FRETAT DE BOISSIEUX, blessé (un bras emporté par un boulet);
- Lieutenant de LA GRANDEUR, tué ;
- Lieutenant de LA ROZE, blessé ;
- Lieutenant de MORIAC, tué ;
- Lieutenant de MORINE, tué ;
- Lieutenant de NORT, blessé ;
- Lieutenant de PALONNIERE, blessé (un bras emporté par un boulet);
- Lieutenant RICHARD, blessé (une jambe emportée par un boulet);
- Lieutenant de SOTTOMAYOR, blessé (une jambe emportée par un boulet);
- Lieutenant de VILLARS, blessé.

Ces pertes représentent environ 25% de l’effectif en officiers, et 50% des colonels présents au corps. On observera que les pertes essuyées inutilement par le régiment dans cette bataille servirent de leçon, et la réserve des Grenadiers de France restera la plupart du temps employée en tant que telle dans les campagnes suivantes.

La bataille de Minden est un échec cuisant pour l'armée française. Les charges de cavalerie échouent successivement et les anglo-hanovriens contre-attaquent, contraignant l’armée française à se replier vers la ville de Minden et ses positions de la veille, les Français  ne devant leur salut qu’à un refus de Lord Sackville de faire charger la cavalerie anglaise.
Sur la gauche du corps de Broglie, la division de Nicolaï est fortement éprouvée et impose l’engagement des Grenadiers de France pour soutenir le repli des brigades de PICARDIE et BELZUNCE. Les Grenadiers de France subissent ainsi les charges des cavaleries prussienne, hanovrienne et hessoise. Le corps de Broglie assure ensuite la protection de l’ensemble de la retraite et doit donc encore essuyer le feu de l’artillerie adverse jusque sous les murs de Minden.
Vers 11 heures du matin, la bataille est terminée. Le seul corps qui sort relativement grandi de la journée est celui des Grenadiers de France et des Grenadiers Royaux dont le comportement et les pertes seront longtemps soulignés par les mémorialistes du temps.

Suite de la campagne

Le repli se poursuit ensuite sur la rive droite de la Weser en direction de Cassel. Les brigades de Picardie et Belsunce, les grenadiers de France et royaux aux ordres du marquis de Trainsel, le marquis de Saint-pern étant souffrant, et deux régiments de cavalerie légère, Bercheny et les Volontaires du Hainault, sont chargés de l'arrière-garde et ne quittent Minden qu’à l’aube du 2 août.

« Le Prince Ferdinand partit le 3 de Minden avec son armée pour nous couper la retraite à l’entrée des gorges, ou se jeter sur M. d’Armentières ; tous ses projets ont échoué. Le prince héréditaire a suivi continuellement l’armée avec son corps ; il a voulu attaquer l’arrière-garde à Eimbeck.
M. le Maréchal laissa, pour l’affaire, la gendarmerie, les carabiniers, les grenadiers de France et royaux, avec les brigades de Picardie et Belzunce, et dix-huit pièces de canon à parc qui, jointes à douze pièces de canon des régiments, allaient au nombre de trente. M. de Nicolaï commandait le tout ; il disposa une embuscade de onze compagnies de grenadiers ventre à terre derrière les haies ; huit pièces de canon battaient le débouché, et le canon de Picardie et des grenadiers de France l’enfilait. Les dispositions faites, l’infanterie fut placée pour soutenir l’embuscade, et la cavalerie se mit en bataille dans la plaine derrière une batterie de dix pièces de canon qui la dominait toute.
On voyait les ennemis en bataille de leur côté ; ils avaient de la cavalerie et ils étaient si près de notre camp qu’ils avaient avancé le canon pour canonner les carabiniers et la gendarmerie dans leur camp. Ils débouchèrent par la ville d’Eimbeck, et ne trouvant sur leur chemin que des compagnies éparses et disposées pour les attirer, ils avancèrent et engagèrent une grosse colonne d’infanterie dans le chemin. Dès qu’elle arriva au débouché, elle fut saluée par notre artillerie et ensuite par le feu à bout portant de nos grenadiers embusqués, à un point tel que, dans deux minutes, elle fut diminuée de cinq cents hommes. Cela refroidit leur ardeur ; ils s’enfuirent et nous laissèrent tranquilles ce jour-là
. » (lettre du baron de Castelnau,  1759)

Après 10 jours de retraite sous la pression constante de l’ennemi, l’arrière garde parvient enfin à Cassel le 11 août. Là encore, le comportement des grenadiers de France est loué : « Le Prince Ferdinand a parlé de nous bien différemment que le maréchal d’Estrées ; il a dit aux officiers des grenadiers de France, ses prisonniers : « je ne devrais pas regarder mes peines comme perdues, dès que je vous tiens, mais vous et les carabiniers m’avez empêché de prendre ou de faire perdre à votre armée au moins vingt mille hommes. » il a demandé à d’autres s’il n’y avait dans l’armée que des carabiniers et des grenadiers, car il ne trouvait jamais devant lui que cela. »  (lettre du baron de Castelnau,  1759)

Cette défaite où les pertes dépassent 8000 hommes entraîne l’évacuation complète de la Hesse et de la Westphalie. Le moral de l’armée est au plus bas, l’état des régiments alarmant et l’ambiance détestable. Contades manque de peu d’être rappelé en France et le maréchal d’Estrées arrive le 25 août en mission extraordinaire pour veiller au rétablissement de la situation.

Le 30 novembre, l’armée passe aux ordres du duc de Broglie fait maréchal de France le 6 décembre.
Le Prince Ferdinand ayant échoué à s’emparer de Giessen se replie début janvier pour prendre ses quartiers d’hiver en Hesse.

 

Campagne de 1760

Le 16 Janvier 1760, le duc de Broglie arrive à Francfort dont la garnison va être constituée des grenadiers de France et du régiment Royal-Deux-Ponts.

Mi-mars, Ferdinand se remet en campagne. Jusqu’en mai les opérations de petite-guerre prédominent. Débute une guerre d’escarmouches et de partis habituelle où ce sont essentiellement les troupes légères qui donnent.

On l’a vu lors de la retraite de Minden, le régiment des carabiniers, autre corps d’élite réputé, est dans cette campagne fréquemment employé aux côtés des grenadiers de France :
- « par toutes les relations qu’il y a entre les grenadiers de France et les carabiniers, je serai à même d’y recommander notre frère au mieux, car presque toujours les deux corps sont ensemble… je suis porté pour les grenadiers avec qui nous nous traitons de frères » (lettre du baron de Castelnau, février 1760) .
- « Nous avons passé le 2 de ce mois, la revue de M. le maréchal avec les grenadiers de France. Il n’y a rien de plus beau que ces deux corps réunis ; ils doivent l’être, cette campagne plus que la dernière. » (Lettre du baron de Castelnau, 17 ??)  .
- « Voici l’ordre dans lequel les troupes camperont : […] la quatrième [ligne] comprendra les grenadiers de France et royaux et les carabiniers. L’armée campera en cinquième ligne…» (Lettre du baron de Castelnau, 17 ??)  .

Avril à mai : les Grenadiers de France sont à Francfort sur le Main où se trouve le quartier général.
« L’électeur de Cologne est à Francfort depuis quelques jours. Hier, luy, M. le Maréchal et Mme la Maréchale virent, au parc de l’artillerie, les corps de distinction de l’armée qui se trouvent à portée de ce quartier général, sçavoir, les grenadiers de France, nos deux brigades et les carabiniers. » (Revue de Lille). 

Les offensives reprennent en juin avec pour objectif de réoccuper le sud de la Hesse et du Hanovre.
Le 22 juin, l’armée est assemblée à Grunberg et Broglie décide de forcer le passage de l’Ohm avec les grenadiers de France, 12 bataillons d’infanterie, les Carabiniers et les dragons. Le franchissement sur des pontons de circonstance se passe sans difficulté le 23 et l’ennemi se retire devant l’offensive française.

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24 juin 1760-Homberg

Les troupes françaises aux ordres du prince de Robecq s’emparent des hauteur et du château de Homberg occupé par les avants-postes ennemis, position dont la possession garantit de pouvoir s’opposer à l’armée du prince Ferdinand. Les grenadiers de France sont dans la réserve déployée dans les bois sur la hauteur de Guntershausen.
L’ennemi se rétablit sur Neustadt le 25 et est rejoint par l’armée française qui y établit son quartier général le 27. Les 2 armées s’observent.
Dans la nuit du 29, pour parer toute surprise, de Broglie fait avancer une brigade des grenadiers de France avec des canons en soutien de la Légion Royale et au contact de l’aile gauche du corps du comte de Lusace.

Le 30 juin 1760 , après la prise de Marbourg, le maréchal de Broglie fait le choix du marquis d'Espiès, capitaine aux gardes, comme commandant de place, et du chevalier de Kéralio, capitaine aux grenadiers de France, comme major.


Sakenhausen

Le 6 juillet, à hauteur de la Schwamme sur la rive gauche de laquelle l’ennemi construit des redoutes, le maréchal de Broglie fait déployer les grenadiers de France et Royaux sur la lisière des bois qui couvrent la route de Neustadt à Wassemberg, et envoie les volontaires de La Noue de Vair reconnaître les positions adverses.
Le 8 juillet, sous des pluies continuelles, Broglie replie discretement son armée et la dirige vers Frankenberg. L’ennemi semblant faire mouvement vers Cassel, Broglie décide de franchir l’Eder avant que l’ennemi ne puisse l’en empêcher. Le 9 juillet, l’armée est au contact de l’ennemi à hauteur de Corbach et bouscule son avant-garde qui est contrainte au repli vers Sakenhausen après d’assez vifs combats. Le 10 l’armée française est regroupée à hauteur de Corbach et celle du prince Ferdinand à hauteur de Sakenhausen. Le 14 les gardes françaises, Royal Suédois, les carabiniers et les grenadiers de France campent entre Bernsdorf et Mulhausen.
Le 18 juillet, le maréchal de Broglie effectue une reconnaissance de ses positions et se rend au camp des grenadiers de France et et des brigades de Royal-Suédois et Castella établit la veille sur les hauteurs d’Ober et de Niederwalden et ordonne qu’on y construise des redoutes.
Le 23 juillet, le maréchal de Broglie décide d’attaquer. L’affrontement avec l’armée de Ferdinand a lieu à hauteur de son camp de Sakenhausen, commence à la pointe du jour le 24 juillet et s’achève par un repli en règle de l’ennemi au cours de la nuit suivante.

Sachenhausen

Le 31 juillet 1760, le Maréchal de Broglie accueille l’Electeur de Cologne à Sakenhausen où les Grenadiers de France sont sous les armes et dont on vient de s’emparer. En juillet les grenadiers de France sont sous les armes à Sakenhausen.

Suite de la campagne

Le 25 juillet, l’armée est établie sur les hauteurs de Freyenhagen. Les grenadiers de France sont placés en avant de l’aile gauche dans les bois de Buhl.
L’ennemi se replie talonné par l’avantgarde du prince de Condé. Au débouché d’Hippinghaufen, de Broglie fait renforcer Condé sur sa gauche par les grenadiers de France et sur sa droite par les volontaires de Hainault et Austrasie et les hussards deNassau.
Le repli ennemi vers Cassel se fait sous le harcèlement constant des français
Le 28 juillet, un détachement de deux brigades et de piquets de dragons aux ordres de La Morliere est envoyé tenir le passage entre Warbourg et Liebenau avec les grenadiers de France et Royaux en soutien à hauteur de Volkmissen.
Le 31, le comte de Guerchi est dépêché vers Warbourg pour renforcer le chevalier de Muy qui tient la place, avec 3 brigades d’infanterie et le renfort du marquis de Saint-Pern à la tête des grenadiers de France et Royaux ainsi que 8 pièces de canon. Le même jour le corps du comte de Lusace s’empare de Cassel.
Dans la nuit le chevalier de Muy doit abandonner Warbourg face à l’attaque du prince héréditaire de Brunswick et repasser la Dymel. Broglie installe en couverture face à l’ennemi de la Dymel constitué d’environ 6 à 7000 hommes de la légion britannique et de troupes lègères, les grenadiers de France et les brigades de Navarre et d’Auvergne.
Cassel est repris le 31 juillet L’offensive se poursuit en direction de Minden prise le 1er août par le corps du comte de Luzace qui s’établit en 1ère ligne d’observation face au pays de Hanovre et à l’armée adverse.
Le 2, le prince de Conde contre-attaque en direction de la Légion britannique. M. de Saint Pern flanque sa gauche le long de la Twifte avec les grenadiers de France et Royaux, les Carabiniers et les volontaires de Flandres. L’ennemi se replie alors rapidement vers Warbourg.

Le 8, les grenadiers de France et Royaux sont postés à Rhoden entre l’armée et le corps de Muy.
Jusqu’à fin août les 2 armées se livrent à une guerre d’escarmouche.
Le 2 septembre, le prince de Conde est chargé de faire un fourrage à portée des lignes ennemies. Il est renforcé notamment de 24 compagnies de grenadiers de France et Royaux
Le 8, Broglie ordonne un nouveau fourrage général dans la région de Zierenberg qui vient de faire l’objet d’une attaque surprise ennemie, le marquis de Saint Pern commande le centre du dispositif de couverture avec les grenadiers de France et Royaux et renforcé de 300 fantassins et se déploye à hauteur des ravins au dessus de Geismar.

La réserve des grenadiers de France et Royaux gagne ensuite le camp de Mariendorf  près d’Immenhausen.
Le 13, la réserve fait l’arrière-garde de l’armée qui se porte à Cassel pour y établir son camp. Le 17 soir, un mouvement ennemi pouvant laisser croire à une offensive, de Broglie fait progresser des troupes en renfort du comte de Luzace à Deiderode, en direction de la gauche adverse. « les grenadiers de France aux ordres de M. le marquis de Saint-Pern, les carabiniers commandés par M. le marquis de Poyanne, et huit bataillons de grenadiers el de chasseurs de l'année aux ordres de M. le marquis de Rougé, avec vingt-quatre pièces d'artillerie du parc et la réserve de M. le prince de Robecq. Toutes ces troupes partirent séparément et arrivèrent, le 18 au soir, à portée du camp de M. le comte de Lusace qui avait fait préparer les subsistances qui leur étaient nécessaires, et avait l'ait reconnaître el arranger la marche sur l'ennemi. » (correspondance du Maréchal de Broglie au Prince de Lusace) . Après avoir marché toute la nuit, les grenadiers passent la Werra à Witzenhausen et se portent sur Marckshausen derrière le camp du comte de Lusace. Le maréchal de Broglie qui envisage une action offensive  se rend également au camp du comte de Lusace pour donner ses ordres, Saint-Pern et Poyanne étant en effet plus anciens que celui-ci. Un corps de 30 000 homme est ainsi constitué et marche le 19 à l’ennemi avec pour objectif de se déployer au contact, les grenadiers de France (8 bataillons) et Royaux devant alors constituer une réserve au centre.
L’ennemi est accroché en fin d’après-midi alors qu’il amorce un repli vers Munster. Les combats durent jusqu’à minuit mais la nuit empêche toute poursuite dans une zone très boisée. BROGLIE redéploye alors ses troupes pour occuper et observer le terrain. Les grenadiers de France sont postés sur un point intermédiaire entre la Werra et la Fulda.

Les grenadiers de France sont ensuite envoyés en cantonnement : deux brigades à Auschlagen avec l’artillerie aux ordres de M. de Traisnel et deux à Benderoden aux ordres du marquis de Saint-Pern. L’armée, ainsi que le quartier général s’installent à Cassel.

« A Monsieur l’abbé de X…, au château de Maugarny
Par Enghien-les-Paris
A Auschlagen, corps de Saint-Pern,
Le 23 Septembre 1760.
Je partis de Münden le 6, mon cher frère, et je ne fus pas plus tôt arrivé à Immenhausen qu’on m’envoya à la réserve des grenadiers de France et Royaux, commandée par M. de St-Pern, pour y prendre le détail des deux divisions d’artillerie qui y sont attachées. Il faut espérer qu’à la fin, si je tiens bon dans le corps, à force d’avoir été employé par commission comme officier major, je le serai un jour en titre. Il est singulier qu’on me trouve toujours sous la main pour les commissions où il n’y a que de la fumée et qu’il ne soit jamais question de moy pour le solide. Je n’ay pas fait une campagne où je n’aye été comblé d’éloges, et je ne me suis jamais vu sur l’état des gratifications ou des autres grâces. J’ay toujours le laurier du plat, tandis que les autres mangent le jambon. Il faut convenir d’une chose, c’est que je n’ay encore jamais rien demandé. J’ay été assez dupe pour croire jusqu’à présent que ma façon de servir devait parler pour moy, mais je suis bien revenu de ce préjugé. Je n’en servirai pas différemment, parce que je m’imagine que mon honneur est intéressé à faire mon métier le mieux que je puis, mais mes espérances seront dorénavant plus bornées. »


La première quinzaine d’octobre voit l’arrivée de nouvelles troupes de France ainsi que la prise des quartiers d’hiver et des réorganisations entre l’armée de Broglie et l’armée du Bas-Rhin aux ordres de Castries.

Cependant, l’ennemi franchit le Rhin et dresse le siège de Wesel, mais il est repoussé par le marquis de Castries.

En octobre, les grenadiers de France cantonnent aux environs de Cassel.
Le 27  novembre une colonne ennemie s’étant avancée vers Minden, le marquis de Saint-Pern les repousse avec ses grenadiers, des volontaires d’Austrasie et deux troupes de Shomberg, leur faisant une vingtaine de prisonniers.

Lettre du maréchal de Broglie :
« Cassel le 29 nov 1760
« J’ignore encore les mouvements des ennemis. Le bruit est général qu’ils veulent d’abord s’emparer de Münden, ensuite prendre Goettingue. Pour de Münden, je crois que s’ils veulent l’attaquer, il leur en coûtera du monde, car ils auront affaire à M. de Saint-Pern et aux grenadiers de France.
»  

Göttingen

Fin novembre les grenadiers de France et Royaux participent aussi à la fortification de Göttingen. Ils construisent notamment une lunette du 24 au 29. Le 30 novembre à  7 heures, une contre-attaque sur les troupes ennemies qui l’assiègent est conduite sur le village de Grunde. Y participent 12 compagnies de grenadiers aux ordres du colonel de Bonsol, 120 fusiliers et 650 hommes. Au cours de l’attaque, le Lieutenant du Déré de La Borde est légèrement blessé. Le siège est levé le 12 décembre.


Campagne de 1761

Le prince Ferdinand relance l’offensive en février.
Le Marquis de Saint-Pern commande toujours la garnison de Minden. Rassemblant aussitôt ses troupes, il prend position en avant d'Eyreden et y soutient le 12 l’attaque conduite par le général Sporken qui, malgré une canonnade de cinq heures, échoue cependant dans toutes ses tentatives.
Le lieutenant-colonel de MORIES se distingue particulièrement dans cette affaire. Malgré la neige, il parvient en effet à amener en renfort du marquis de Saint-Pern deux brigades des grenadiers de France qui étaient aux environs de Chevègue, avec leur canon. Dès le lendemain, il se distingue encore en couvrant le repli des troupes puis en harcelant l'ennemi de son canon. Il reçoit les félicitatons du Maréchal de Broglie pour son action.

Le Prince Ferdinand parvient toutefois à mettre le siège devant Cassel et contraint l’armée française à se replier en partie avant qu’une contre-offensive ne permette de dégager la ville en mars et contenir la pression ennemie. Lors de la défense de la place de Cassel, le capitaine de BOUVARD des grenadiers de France est chargé de constituer 2 compagnies de grenadiers et chasseurs à partir des soldats convalescents de différents régiments et présents dans la garnison. Il tombe le 22 mars à la tête de ses grenadiers après avoir repris la redoute de la route de Warbourg dont les assaillants s’étaient emparés.

Tombé malade à Fulda de l'excès de ses fatigues et de ses veilles, le Marquis de Saint-Pern fut transporté à Francfort-sur-le-Main où il mourut le 8 mars 1761.


Affaire de Duderstadt-Heiligenstadt, mars 1761:

Le corps de Luckner occupant la région d’Heiligenstadt avec 6000 hommes, Broglie se décide à l’en déloger.
4 bataillons de grenadiers de France sur les hauteurs de Dorne et de l’Infanterie dans les bois d’Eschwege, sont déployés face aux avant-postes de Luckner en couverture des communications de la Werra.
Un corps constitué notamment des troupes de Göttingue dont font toujours partie les grenadiers de France aux ordres de son frère le comte de Broglie est chargé d’attaquer Duderstatdt. Malgré 3 heures de canonnade, Belzunce, à la tête de 3000 hommes, n’obtient pas la décision et doit se retirer de Duderstadt.

Le 12 mars, LUCKNER contre-attaque. Les grenadiers de France et les Suisses doivent se replier sur des positions plus solides et préparées à hauteur d’Engerieden. Le Capitaine Pierre de PAGES se distingue notamment près de Duderstadt où placé en arrière-garde il tient ferme avec sa compagnie face à l’ennemi.

Les combats cessent le 1er avril 1761.La trêve permet à Broglie de prendre ses quartiers à Francfort pour préparer la campagne suivante.

En mai la campagne est rouverte et l’armée du Haut-Rhin rassemblée à Cassel. L’offensive est lancée le 12 juillet en direction de l’armée adverse que l’on projette d’attaquer le 16 en faisant converger les deux armées de Broglie et Soubise (armée du Bas-Rhin) ainsi que la réserve du Prince de Condé.


Affaire de Willingshausen, juillet 1761:

L’ennemi occupe alors des positions plutôt favorables, sa gauche étant établie à hauteur de Willinghausen. Après 8 jours de tergiversations, Broglie se décide à l’offensive. L’avant-garde de l’armée de Broglie est au contact des avants-postes adverses dans la matinée du 15 juillet et Broglie engage son armée en trois colonnes, le centre étant en soutien des deux colonnes d’attaque latérales dirigées vers Willinghausent et Nordel.

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Au sein de la colonne de gauche, le capitaine de Groin dirige l’attaque des grenadiers de France placés en tête de l’avant-garde du comte de Belzunce  chargée de s’emparer du château de Nadel situé à 5km de Willinghausen, attaque dont on attend qu’elle pousse l’ennemi à repasser la LIPPE. Le capitaine de Groin s’empare effectivement du château et fait une centaine de prisonniers. Si la prise de Nadel est un succès rapide à gauche, la colonne de droite éprouve cependant quelques difficultés à bousculer les avants-postes anglais de Willinghausen.

Dans la nuit du 15 au 16, le prince Ferdinand décide de profiter de sa supériorité numérique temporaire pour déclencher une contre-offensive en direction du corps de BROGLIE avant que celui-ci ne se fut déployé et avant l’arrivée de Soubise. L’attaque est violente, Ferdinand reprend Willinghausen  et contraint rapidement les français à la retraite. Le régiment de Rougé qui tenait la localité est en partie encerclé et fait prisonnier.

Villinghausen ancienne carte

Broglie se décide alors à la retraite, et la fait protéger une fois de plus par les grenadiers de France qui n’avaient pas encore été très engagés ; elle s’exécuta en bon ordre, à la faveur d’un terrain très coupé, qui empêcha la cavalerie adverse d’agir.
Cette retraite termina l’affaire de Willingshausen le16 juillet 1761, où les Français perdirent 5 à 6 000 hommes, et les alliés plus de 2 000.

Pour le reste de la champagne, l’armée repasse la Weser en août et les adversaires se contentèrent de rester en observation.

 

Campagne de 1762

Broglie est remplacé par les maréchaux d’Estrées et de Soubise. Les troupes furent plus tranquilles dans leurs quartiers qu’elles ne l’avaient été l’hiver précédent. Elles se rassemblèrent de nouveau au mois de Juin sous Cassel. Les maréchaux d’Estrées et de Soubise, qui devaient commander conjointement l’armée, y arrivèrent. Le Prince de Condé commandait les troupes du Bas-Rhin.
L’armée établit ses campements après s'être réunie le 20 Juin à hauteur de Cassel, le centre et le quartier général étant à hauteur de Grebenstein. Elle se déploie le 22 juin à haiteur d'Immenhausen..

Affaire de Cassel-Grebenstein-Willemstad:

Le 24 juin, le Prince Ferdinand passa la Dymel, un corps anglais attaquant vers Zierenberg et risquant d’atteindre Cassel.
D’Estrées et Soubise décident de quitter Grebenstein et de se mettre en marche pour leur couper la route. A hauteur de Willemstad sur la gauche française, le Comte de Stainville qui assure la couverture de l’armée avec son corps composé des Grenadiers de France, des Grenadiers Royaux et du Régiment d’Aquitaine attaque les anglais pour les empêcher de s’emparer des hauteurs et faciliter la marche de l’armée. Les deux premiers assauts sont victorieux et permettent de s’emparer de 7 pièces de canon. Au troisième, le Comte de Stainville, s’étant trop avancé, est alors attaqué simultanément de front et sur ses arrières, et se trouve dispersé. « Les ennemis eurent un autre avantage, celui d'envelopper une brigade du corps des grenadiers de France, composée de douze compagnies de grenadiers, qui, sans coup férir, mit bas les armes et se rendit prisonnière de guerre. »

Carte willemstadt

Une partie des Grenadiers de France, du Régiment du Roi  et de la brigade du Poitou durent en effet se rendre, ce qui fut du plus mauvais effet et eut un certain retentissement à la cour de France : « Enfin, nous eûmes la douleur et l'humiliation de voir vingt-deux compagnies des Grenadiers de France se rendre prisonnières, sans tirer un coup de fusil » . Indéniablement, comme le souligne Jacques de Mercoyrol de Beaulieu, « cette docilité fut une tache pour ce corps » . Un officier de cavalerie aide de camp du comte Gabriel Marie de Talleyrand-Périgord au Régiment du Dauphin, Antoine Rigobert  Mopinot de La Chapotte, en général très acerbe vis-à-vis de la noblesse d’épée car issu d'une famille de robe et dont l’attitude est symptomatique de la crise morale qui commence à se faire jour en France et dans les armées, surenchérit dans des propos sans doute à nuancer : « Croiriez-vous qu'à l'affaire du 24, dix neuf compagnies de grenadiers de France et six de grenadiers royaux ayant à leur tête l'élite de la noblesse française, une fourmilière de colonels, ont mis bas les armes dans un bois sans connaître ni le nombre ni la qualité des troupes qui les attaquaient, ou plutôt qui allaient les attaquer, et cela sans défense, car de toute cette masse il n’y en eu que neuf tués ou blessés. »

Les grenadiers de France perdirent dans la bataille l'un de leurs drapeaux dont l'ennemi est parvenu à s'emparer.

Le capitaine de La Ferrandiere, commandant de compagnie,  est néanmoins cité « pour avoir arrêté et contenu par sa vaillance et son feu 200 dragons anglais, tête de colonne de 20 000 hommes, qui venaient sur lui le sabre haut, alors qu’il était harcelé déjà sur sa gauche par des chasseurs à pied ». Le lieutenant Joseph Louis de PAGI de VALBONNE  se distingue également en facilitant l’exfiltration de 3 compagnies hors du bois de Willemstadt. Mais effectivement, le bilan des pertes ne témoigne pas particulièrement de combats violents.

Etat des officiers tués, blessés ou pris à l’affaire du 24 juin  :

Tués : 1 lieutenant ; du Plessis, sous-aide-Major ;

Blessés : 3 capitaines et 2 lieutenants ; La Rochefoucauld, Ferandiere, capitaines ; Descomel, capitaine en second, Rivière, lieutenant, Montpezat, lieutenant en second ;

Blessés et prisonniers : 1 colonel, 1 capitaine et 4 lieutenants ;
Comte de Peyre, colonel, La Groys, capitaine, Trésorier, Charvillac, d’Aumale, Vaudechamp, lieutenants ;

Prisonniers : 3 colonels, 1 major, 18 capitaines et 29 lieutenants ;
La Borde, commandant en second, Marquis de Bérenger et comte du Lau, colonels, de Carles, major, Monchal, aide-major, Mories, Chambray, de Diusse, d'Harneder, La Palonniere, Carles, Corneville, de Lourdel, Dupré, Vaissière, Dejean, de Pons, Surirey, Boissimène, Pages, Rieunier, d’Auteuil, capitaines, Bruaud, Villeroude, Simeon, Boyals, Saint-Christophe, Le Grand, Jeannel, Belbeze, Montorsié, Tourville, Dussart, Chauve, lieutenants, Prevost, La Noue, sous-aides-majors, Chantemelle, Didier, Platen, Castellane,Varenne, d’Andigné, de la Linde, Quiessac, Rouilly, Maisonrouge, Dalmerende, du Thieul, Franqueville, Bonjets, La Borie, lieutenants en second.

Il faut ajouter à cet état : le colonel de NARBONNE-PELET, détaché aux grenadiers de L’Espinasse, tué, et le colonel de LA LUZERNE, blessé.

Le lendemain de la bataille du 24 juin, il est difficile de l’interpréter autrement qu’un honneur, même si les mœurs du temps peuvent l’expliquer aussi, le prince Ferdinand offrit à tous les officiers prisonniers un dîner à l’issue duquel il leur fit même présent de cadeaux pour compenser la perte de leurs équipages. Les prisonniers seront échangés le mois suivant.
 
Le comte de Stainville réussit toutefois à se frayer un passage et à s’échapper avec uniquement 2 bataillons,  l’armée française refluant vers Cassel et la Fulda. Notons que dans cette affaire, l’armée manquera de peu de perdre sa caisse et la plupart de ses équipages.

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Grenadiers de l'armée anglaise


Suite de la campagne en Hesse

L’armée repasse la Fulda le 25 Juin, et campe à Landverhagen, entre Cassel & Minden ; sur la fin de Juillet, l’armée se rapprocha de Cassel.

Cassel est retranché de façon à soutenir un siège et l’armée évacue la Hesse. En août, des pluies continuelles éprouvent fortement l’armée et le maréchal Luckner cherche à prendre l’avantage dans la direction de Fulda. Ordre est donné au corps de Stainville de contre-attaquer pour protéger les voies de communications vers Francfort.

 « MM. les Maréchaux donnèrent sur-le-champ ordre à M. le comte de Stainville (maréchal de Choiseul aujourd'hui) de se porter, avec le corps à ses ordres, composé des grenadiers de France, huit bataillons de grenadiers royaux et quatre régiments de dragons, à Hirschfeld et de là au château de Friedwald, où j'avois passé quinze ou dix-huit jours, comme je l'ai dit, et dont les ennemis s'étoient emparés le lendemain que je l'avois évacué, de le prendre en passant et de continuer sa marche vers Fulda. M. le comte de Stainville arrive à Hirschfeld, fait camper son corps sur la rive droite de la Fulda, de sa personne la passe et vient passer la nuit à Hirschfeld. […] L'auteur fait à M. de Stainville une description très détaillée du château de Friedwald, que le prince Raymond de Cassel nommait sa Bastille et dont il avait fait un rendez-vous de chasse, orné à l'intérieur de belles tapisseries de haute lice; château du moyen âge, flanqué de grosses tours, entouré de fossés avec pont-levis, mais sans valeur militaire, occupé par cinquante chasseurs seulement, mais dont, assurait-il, quatre coups de canon à boulets rouges tirés dans les charpentes auraient facilement raison.
Le lendemain, M. de Stainville y envoie une brigade de grenadiers de France, qui, ayant vainement essayé d'enlever le château de vive force et la garnison refusant de se rendre, fut obligée d'en venir aux moyens conseillés par l'auteur.  L'exécution en fut difficile, faute de gril à rougir les boulets. Néanmoins on parvint à allumer la charpente. La petite garnison fit une très belle défense et ne se rendit que chassée par la violence du feu. Le château fut entièrement consumé ».  

Le capitaine de La Ferrandiere est de nouveau cité à cette attaque du château de Friedwald « pour avoir brisé à coup de hache les barreaux de fer des portes et fenêtres de l’avant cour du château derrière lesquelles, le feu de l’ennemi, à bout portant, était très meurtrier pour ses grenadiers ».

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Château de Friedewald

Le gros de l’armée se retire vers Francfort et dresse le camp à Bergen et les deux armées s’établissent en défensive de part et d’autre de la rivière Fulda.


Affaire de Johannisberg :

Le prince héréditaire Ferdinand de Brunswick renforcé du corps de Luckner menace Friedberg à partir de la rive gauche de la Weser.
Le 30 août,  après avoir occupé Friedberg, les deux armées réunies au corps du Prince de Condé passent à l’offensive en vue de déloger l’ennemi des hauteurs du Johannisberg. Le Comte de STAINVILLE avec son  avant-garde rassemblée et composée des grenadiers de France et des régiments de grenadiers du ROY, de LACAUNE, NARBONNE, l’ESPINASSE, d’ARGENTRÉ et La ROCHELAMBERT et des régiments de dragons de CHOISEUL NICOLAS et  SCHOMBERG, se porte en avant par Ilbenstadt au Warth Thurn près Friedberg.
L’armée se met en mouvement à la pointe du jour ; Stainville conduit l’attaque à droite du dispositif, avec 4 bataillons des grenadiers de France commandés par le prince de Montbarrey, 6 de grenadiers royaux commandés par le chevalier de Modene, et 3 régiments de dragons commandés par le duc de Coigny. Les grenadiers de France progressent en soutien des grenadiers royaux emmenés par le chevalier de Modène.
Le combat tourne rapidement à l’avantage des français qui délogent l’ennemi des hauteurs. La cavalerie française entame alors une poursuite jusqu’au repli de l’ennemi au-delà du Wetter, s’emparant de plusieurs batteries et faisant de nombreux prisonniers.
Au soir, l’avant-garde du Comte de STAINVILLE campa entre Johannisberg et Ockstadt.

JohansbergEn L la marche du corps de STAINVILLE.



Affaire de Stromwers :

M. de Broglie ayant appris que les ennemis, dans une de leurs tentatives sur nos communications, s’étaient emparés du château de Stromwers, très à portée de Calemberg, et qu’ils y avaient établi un poste dont les troupes devaient s’y fortifier, afin d’y avoir un point d’appui pour leurs courses contre nos convois, me chargea de les en déloger. Il mit à mes ordres cinq cents grenadiers, dont partie prise dans les Grenadiers de France, deux cents hommes d’infanterie, deux cents de cavalerie, cent hussards, quatre pièces de canon, et le détachement du corps royal de l’artillerie nécessaire au service de ces pièces.
Stromwers était à six lieues de la grande armée, et se trouvait assez rapproché des premiers postes considérables de l’ennemi, ce qui exigeait de ma part les plus grandes précautions. […] Je [considérai] que le poste que j’allai attaquer ne valait pas les hommes qu’il me fallait y perdre, lorsque je fus abordé par M. de Blanchelande, jeune capitaine des Grenadiers de France, qui, me voyant rêveur, m’en demanda la raison; je la lui dis: “Mon général, me répondit-il, j’ai commencé à servir dans l’artillerie; j’en sais, très-certainement, beaucoup moins que ces messieurs; cependant, si vous aviez assez de confiance en moi, pour me confier deux de vos pièces, avec les hommes nécessaires pour les servir, je crois pouvoir me faire fort d’être, à une heure du matin, à portée de tirer à boulets rouges contre le château.” J’acceptais sa proposition, et, sans perdre de temps, je donnai les ordres en conséquence; j’en surveillai moi-même l’exécution; je ne quittai pas un instant le travail, que de légères gratifications rendirent très-actif, et, à une heure un quart du matin,mes deux pièces tirèrent à boulets rouges contre le château. […] M. le maréchal de Broglie me parut content de la manière précise dont ses ordres avaient été exécutés. Je ne lui laissait point ignorer toute l’obligation que j’avais à M. de Blanchelande, ce qui servit depuis à l’avancement de cet officier. Je fus, seize ans plus tard, dans le cas d’y contribuer personnelement, et je le fis alors avec tout l’empressement qu’un honnête homme peut et doit avoir à payer une dette d’honneur.” (Mémoires autographes de M. le prince de Montbarey. T.1, p.13)



Suite de la campagne

Prise de Cassel par le Prince Ferdinand après un siège assez rapide.
Suspension d’armes en décembre.

La campagne de 1762 et les désordres, indiscipline notamment, qui y furent constatés sont en partie à l’origine de la réforme de Choiseul et de l’ordonnance du 10 décembre 1762 qui réorganise l'infanterie française.

A la paix de 1763, sont faits chevalier de Saint Louis:

  • Le marquis de THIANGE, colonel ;
  • Le colonel ROUILLE de ROISSY;
  • Le capitaine de SAINT MICHEL de VALERNES ;
  • Le capitaine SURAND des JUIFS.
     

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